Quand on dit « rituels en maternelle« , nous visualisons souvent les enfants regroupés devant le tableau à « faire » la date, compter les présents, mettre la météo … Et si ce n’était pas que cela ?
Vous voulez interroger les rituels, cet article est pour vous 🙂
Qu’est-ce qu’un rituel ?
Il est temps de faire évoluer la représentation de l’école maternelle et de ses rituels : la date, la météo et absents ne sont en rien obligatoires ! A aucun moment, dans les programmes, il est écrit que les élèves doivent compter les présents tous les jours ou afficher une image de la météo.
Chaque moment répétitif dans la journée, la semaine ou le mois est RITUEL : une écoute musicale, un moment de Yoga, un temps de massage, une lecture offerte, un éveil linguistique, un temps dehors, silence on lit …
Chaque rituel est intéressant et pertinent pour les enfants s’ils y mettent du sens et apprennent ou réinvestissent un savoir.
Quand, comment, où ?
Les rituels impliquent souvent un dispositif particulier : le (grand) groupe classe regroupé devant le tableau. Ce dispositif peut engendrer nombre de difficultés selon l’âge des enfants mais aussi l’expertise de l’adulte. Voici quelques pistes, quelque soit le rituel, pour aider à gérer le grand groupe.
Comment gérer 25 enfants assis, les garder motivés ?
Et si on divisait le groupe classe.
Et si on lançait les PS en activité et qu’on ne gardait que les MS.
Et si les MS étaient en temps calme pendant le rituel des GS.
Et si on ne faisait pas le même rituel pour tous.
Comment garder la concentration de 25 enfants durant 30 min ?
Les jeunes enfants ont un temps de concentration court, il est donc possible de faire 3 x 10 min de rituels plutôt que 30 min. Personnellement, je fais un regroupement avec des rituels différents après chaque changement : après le sport, après la récréation, après un moment de groupes. Cela permet de remobiliser l’attention de tous et de lancer les enfants vers un nouvel apprentissage plus calmement.
Les rituels ne sont pas obligatoirement à faire en début de journée : la date peut être mise en fin de journée, les 10 dernières minutes avant la sortie.
Comment rendre ce temps collectif, un temps d’apprentissage ou d’entrainement ?
Et si on acceptait que tous n’aient pas le même niveau,
– alors on séparerait le groupe classe
– alors on prévoirait du matériel adapté selon chacun, afin que chacun cherche, s’entraine (éventail de la date dans différentes graphies ou juste la majuscule du jour).
Et si on veut rendre ce temps utile un tous, alors on peut imaginer un enfant responsable qui met la date à l’accueil. Le groupe n’a qu’à verbaliser, vérifier ce que l’enfant a fait.
Date, météo, présents … oui ? non ? pourquoi ?
Notre rôle d’enseignant est de faire progresser les élèves, de les aider à comprendre le monde qui les entoure. Notre objectif est donc de leur proposer des activités derrière lesquelles ils vont mettre du sens et ainsi développer des savoir-être et des savoir-faire.
Le trio « DATE-MÉTÉO-PRÉSENTS » fait partie de l’école maternelle, mais quel sens un élève de PS ou de GS met-il derrière cela ? Est-ce utile pour son développement ?
Voici quelques questions à se poser sur chacun de ces rituels et des pistes possibles pour les rendre pertinents pour nos élèves.
Alors la date, OUI si c’est utile à mes élèves. Un enfant de PS comprend-il « nous sommes mardi » alors qu’il ne comprend même pas après-midi ? Il est peut être plus pertinent pour eux d’associer le jour à une maitresse référentes, à une activité, le mardi à avant « le jour à la maison ».
La météo, OUI si mes élèves mettent du sens derrière ces sensations ou observations. Il fait froid ce matin, mais comment peut-il le sentir alors qu’il est sortir de la voiture à faire 30m dehors et est rentré dans la classe. Il fait beau aujourd’hui. Ah bon … le soleil est à peine levé, je ne le vois pas encore dans le ciel.
Les présents, NON en comptant numérotant ! OUI en calculant avec les GS. 5 enfants et encore 5 cela fait 10 et encore , 15 et 4, 19. D’habitude, nous sommes 26, il y a 4 absents. Montre moi sur la bande combien nous sommes aujourd’hui.
Avec les plus jeunes, qui construisent encore la quantité, il est pertinent de rester sur les petites quantités et donc de compter les absents (sauf lors d’une épidémie de gastro 😉 ). Ce moment de comptage est toujours à faire en comptage dénombrement et non comptage numérotage chez les plus jeunes (1 absent et encore 1 , cela fait 2 absents et encore 1, 3 absents. Il y a 3 absents aujourd’hui.) Pour cela, je vous conseille la lecture du guide MATHS en maternelle ( ou alors le résumé en 10 pages que j’en ai fait)
Pour conclure
Les rituels permettent des échanges collectifs, des confrontations d’idées, sont riches pour les apprentissages. Les rituels « date-météo-présents » ne sont en rien obligatoires.
Ces rituels, si on décide de les mettre en place, sont à :
* réfléchir, à préparer
* inclure dans une progression comme toute séance d’apprentissage
* faire évoluer au cours de l’année, selon nos élèves afin de rester dans leur zone de développement mais aussi éviter les lassitudes.
Voici une idée de progression pour ces rituels :
Il est possible de ne faire un rituel qu’avec une partie de la classe ou qu’à un seul moment de l’année selon les projets en cours.
Et il est tout à fait possible de mettre en place de nombreux autres rituels travaillant différents domaines :
*le chauffe-cerveau, rituel de maths avec flashcards ou problème
*silence on lit, 7 min de lecture individuelle pour tous (enfant et adulte)
*œuvre mystère, écoute musicale
*éveil linguistique, devinette, quoi de neuf
*lecture offerte, un jour, des mots, jeux de doigts
Ou toute autre activité collective permettant de réinvestir des compétences acquises, d’en développer des nouvelles, de confronter les avis, de fédérer le groupe classe autour de projets et d’habitudes communes.
Merci pour ce partage super enrichissant !
Merci beaucoup pour ce post très pertinent. On croise encore beaucoup d’enseignants qui « font » des rituels par habitude et sans forcèment y mettre un apprentissage derrière.